Très beau livre de Saleh Diab, Esquisses pour une île (Tarabuste, 2024), que je me suis procuré il y a quelques jours à la librairie De natura rerum à Arles. Magnifique recueil que sillonne la voix de l’exil — tel un archipel de poèmes où l’absence affleure partout à la surface blanche du papier. Absence de la terre natale — la Syrie — où le poète a laissé ses amis « se recueillir autour des chagrins » ; absence du corps de l’être aimé dont le nom « a déversé une nuit sur la rose » : « Cette île / où les jours se putréfient / comme mon retour oublié au grenier / il n’y a pas de refuge / dans lequel abriter mes regards / en ton absence ». S’y esquisse au fil des pages, sur le sable de l’encre, le visage universel d’une solitude rêveuse en quête d'amour et du retour à l’origine sous l’azur. Une solitude aux yeux fixant la lune et l’horizon dans l’attente secrète de ce qui la comblera, sorte de nostalgie hantée par les « contrées lointaines » dont fouler le sol incertain « avec la béquille des souvenirs ». Un grand bravo à l’auteur.
Stéphane Juranics,
13 septembre 2024.
