faire l’amour dans la voiture
où nous conduit le soir
au bord d’une route longeant le mistral
portes grandes ouvertes sur la nuit
à l’haleine de sauge
la peau piquetée d’étoiles
les yeux dans les yeux luisants du ciel
l’immensité nous scrutant du fond des âges
reconnaître alors au loin
électricité dans l’air
l’écho familier d’un cri
peuplant les songes de la garrigue
soupirs calcaires du cade
arrides pensées du buis
dans le sommeil des roches
oui sentir au fond de soi
l’étrange proximité de ceux qui vécurent là
des millénaires durant
partageant avec nous l’immuable conscience
de la fulgurance de vivre
au creux du temps

Stéphane Juranics


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