Scander l'indicible

(...) Face à toute apensée, dogme ou massacre des voix, Rimbaud et son immuable urgence — signer en partage de lave l’exact si seul de sa vision. Coulée d’encre affranchie des syntaxes et conflue dans le fleuve ardent des odes humaines. Criant ses « colères folles », sa rage de sens sur la banderole de pages au civisme ensoleillé d’évidence. Incessant défi au sombre des temps, à l’ordre bien-pensant, même s’il n’ignore pas la vanité des mots face aux morts de l’Histoire, comme lors de l’écrasement de la Commune de Paris où « tant de travailleurs » sont tombés sous les balles. Mais toute sa vie cette révolte insatiable. Révolte absolue, née dès l’enfance, en même temps que la conscience des profondes geôles d’exister. Cette urbaine amertume dont ne pouvoir s’évader, si ce n’est vagabondant et par les livres où chaque nom de l’enceinte désemmure un peu (...)

Stéphane Juranics,
octobre 2003.

Extrait du texte « Scander l'indicible » figurant dans l'ouvrage J'ai embrassé l'aube d'été
paru aux Editions La passe du vent en 2004.